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Sirenologie
8 février 2019

La sirène, 1890, sculpture de Denys PUECH (1854-1942)

Denys Puech - la sirène soutenant un homme - 1890 - Rome

denys puech - la sirène

Denys Puech - la sirène - marbre - 1899

denys puech la sirène - plâtre Musée Rhodez

Luca Madrassi s'est-il inspiré de cette sirène à queue de poisson et à ailes d'oiseau pour sa propre sculpture en 1903? La sirène tourne la tête vers son compagnon de la même manière amoureuse... Mais celle-ci est bien plus dynamique, avec ses grandes ailes déployées. On peut voir que Denys Puech, le sculpteur, a fait plusieurs versions de cette sculpture, avec ou sans petit drapé pudique sur les parties génitales du monsieur... lequel monsieur est si gracile que j'avais d'abord cru qu'il s'agissait d'une femme! Mais non, on voit sur le plâtre que c'est bien un garçon. Se fait-il enlever par la sirène ou soutenir au-dessus des flots? La sirène a l'allure d'une muse ou d'une walkyrie qui emmenerait le jeune homme à l'Olympe ou au Walhalla. Ses ailes et ses cheveux sont en tout cas magnifiques.

Ce motif du jeune homme objet de l'adoration de la sirène n'est pas une exception à cette époque, on peut encore le voir sur ce groupe de 1903 ( même année que Luca Madrassi ^^) réalisé par Emmanuel Hannaux ...

Emmanuel Hannaux - 1855-1934 le poete et la sirene -1903-signe-56x53

Intitulé "le poète et la sirène" ou encore "Orphée charmant la sirène" (avec sa fameuse lyre qui lui permit de sauver ses compagnons argonautes du sort fatal que leur réservait le chant des sirènes), la sirène est ici encore une fois dans une situation d'adoration et donc d'infériorité, étrange pour une créature réputée être la perte des hommes!

Mais si on y pense, les sirènes ne gagnent jamais vraiment: ni contre Ulysse, ni contre Orphée, et les sirènes du 19ème siècle sont définitivement des romantiques déçues, condamnées à mourir de leur amour impossible: Ondine, de La Motte-Fouqué en 1811 sera la première incarnation de cette tendance, puis le poème La princesse des mers de Mikhael Lermontov en 1841 se terminera lui aussi bien mal, c'est à peine si la petite sirène d'Andersen connaît une fin meilleure en 1876 en devenant fille des airs, et enfin la Rusalka de l'opéra de Dvorak renoue avec Ondine en devenant fantôme qui entraîne son bien-aimé dans la mort. La sirène est dans ces oeuvres une créature malheureuse, dominée par son coeur et incapable de survivre au désamour. Beau mais triste, et bien peu féministe!

Les solides gaillardes de Maurice Gensoli, bien que toujours accompagnées, paraissent bien plus joueuses, moins dépendantes... On sent que les années 30, avec leur idéal de santé au grand air et leur début d'émancipation féminine, sont passées par là et ont éloigné les artistes des représentations plus classiques et académiques qui dominaient 40 ans plus tôt.


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  • Chevelures d'écume et voix des abysses, les sirènes sous-marines sont ici le sujet privilégié! Je prépare un fanzine sur elles, venez plonger dans la bulle des sirènes à travers romans, films, musique, BDs, poésie, études, images et dessins originaux.
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